Les médecins souffrent, elles aussi, des symptômes de la ménopause
En août 2020, la British Medical Association a publié les résultats d’une enquête réalisée auprès de ses membres en 2019 (2000 répondantes).
Le document, “Remettre en question la culture de la ménopause chez les médecins en activité”, dépeint bien la réalité de ces femmes… qui ressemble à celle de toutes les femmes.
Dans ce rapport, on propose la mise en place de mesures sur les lieux de travail afin de faciliter ces périodes que sont la périménopause et la ménopause… Il est important que ce sujet soit abordé. En plus des impacts physiques et mentaux, on néglige beaucoup les impacts socio-économiques de la ménopause. Rappelons que les femmes représentaient 53% des médecins actifs au Québec au 31 décembre 2021.
Curieux tout de même que le THS (traitement hormonal de substitution) n’ait pas été fait mention dans cette enquête…
La British Medical Association (BMA) a diffusé une enquête à tous ses membres en novembre et décembre 2019, laquelle a reçu 2000 réponses. Les répondantes ont été interrogées sur les symptômes qu’elles ressentaient, comment et dans quelle mesure ils avaient un impact sur leur vie professionnelle, et quel soutien permettrait de mieux gérer les symptômes.
La majorité des femmes sont ménopausées entre 45 et 55 ans, et les symptômes durent en moyenne quatre ans. Il y a actuellement un peu plus de 30 000 femmes médecins de cette tranche d’âge inscrites au registre du General Medical Council (GMC) (et dans les cohortes plus jeunes, le nombre de femmes sera plus élevé).
Notre enquête a révélé qu’un nombre important d’entre elles ont réduit leurs heures de travail, quitté des postes de direction ou ont l’intention d’abandonner complètement la médecine, bien qu’elles apprécient leur carrière, en raison des difficultés qu’elles ont rencontrées lors de la ménopause.
Le service de santé est soumis à une pression immense et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre des médecins expérimentées en raison d’un manque de flexibilité et de soutien pendant une phase relativement courte de la vie.
Le point de départ est de briser les tabous qui empêchent de parler de la ménopause au travail, d’être plus compréhensif quant à la façon dont elle peut affecter la vie des gens, et d’être flexible dans le soutien offert, généralement pour une période temporaire, afin de s’assurer que nous ne perdons pas des compétences et une expérience précieuses de la main-d’œuvre.
PRINCIPALES CONCLUSIONS
– 93 % des personnes interrogées ont ressenti des symptômes liés à la ménopause, dont 65 % des symptômes physiques et mentaux.
– 90 % ont déclaré que ces symptômes avaient eu un impact sur leur vie professionnelle, 38 % d’entre elles ayant déclaré que cet impact était important.
– 36 % des personnes interrogées ont modifié leur vie professionnelle en raison de la ménopause et 9 % ont l’intention de le faire.
– 38 % ont souhaité apporter des changements à leur vie professionnelle en raison de la ménopause mais ont déclaré ne pas pouvoir le faire.
– Seules 16 % des femmes ont discuté de leurs symptômes de ménopause avec leur supérieur hiérarchique et 47 % l’ont souhaité mais ne se sont pas senties à l’aise pour le faire.
SANTÉ MENTALE ET BIEN-ÊTRE
L’une des principales conclusions de l’enquête est le fort impact que la ménopause peut avoir sur la santé mentale, la confiance et l’estime de soi. Si les organisations veulent développer des interventions efficaces pour soutenir les employées qui traversent la ménopause, elles doivent accorder une attention égale au soutien des employées qui souffrent des symptômes mentaux et physiques de la ménopause.
Il existe des symptômes clairement reconnus qui ont un impact sur la santé mentale, notamment l’anxiété et les sautes d’humeur. Ces symptômes peuvent être amplifiés lorsque l’on travaille dans des environnements stressants et sous haute pression.
Les personnes interrogées qui ont cité ces symptômes ont déclaré qu’ils les avaient laissé se sentir dépassées, épuisées et doutant de leur capacité à gérer efficacement leur charge de travail.
FATIGUE ET PROBLÈMES DE CONCENTRATION
Un grand nombre de répondantes ont énuméré l’impact de la fatigue sur leur vie professionnelle. Les difficultés à dormir et les sueurs nocturnes – des symptômes courants de la ménopause – ainsi que l’anxiété, les douleurs articulaires et les problèmes de mémoire et de concentration, sont autant de facteurs de fatigue. Les personnes interrogées ont déclaré que la fatigue rendait le travail de garde plus difficile et qu’il leur était également plus difficile de faire face aux rythmes de sommeil irréguliers qu’exige le travail posté.
SENSIBILISER ET FAVORISER LE DIALOGUE SUR LE LIEU DE TRAVAIL
Près de la moitié (48%) des personnes interrogées ont déclaré qu’elles n’avaient pas cherché de soutien et qu’elles ne se sentiraient pas à l’aise pour discuter de leurs symptômes ménopausiques avec leurs supérieurs.
Les personnes interrogées ont supposé que leurs supérieurs seraient mal à l’aise et mal préparés à les soutenir. De nombreuses personnes interrogées ont souligné le fait que leurs supérieurs étaient des hommes et qu’elles pensaient qu’ils ne comprendraient pas.
“J’ai l’impression qu’il y a encore un stigmate dans le milieu médical sur le fait d’admettre que l’on a des difficultés.”
La médecine est une profession très exigeante, où l’on attend souvent des médecins qu’ils se surpassent afin de fournir les meilleurs soins. Cependant, cela peut rendre difficile pour les médecins de révéler leurs difficultés et leur besoin de soutien.
Un problème récurrent soulevé dans les réponses à l’enquête est que la culture de manque de soutien ne vient pas seulement de la direction, mais aussi des pairs. Certains médecins qui avaient parlé ouvertement de leurs symptômes ont dit qu’ils n’avaient pas été crus par leurs collègues, et beaucoup ont dit qu’ils craignaient d’être méprisés par leurs pairs s’ils en parlaient.
Il y a eu de nombreux exemples de médecins qui, au départ, n’ont pas réalisé que des symptômes, tels qu’une moins bonne concentration et une plus grande anxiété, pouvaient être le résultat de leur ménopause. Cela les a amenées à douter d’elles-mêmes et à se sentir isolées. Il y a également eu des exemples de collègues qui n’étaient pas conscients de la situation et qui réagissaient de manière désagréable, les accusant d’être “paresseuses” ou de mauvaise humeur.
ATTITUDES SEXISTES ET ÂGISTES
L’enquête a fourni des exemples de comportements sexistes et âgistes sur le lieu de travail, qui ont amené certaines personnes à croire qu’elles seraient moquées ou ridiculisées si elles parlaient de la ménopause.
Certaines répondantes qui travaillaient dans des spécialités à prédominance masculine pensaient que le fait d’aborder le sujet et de demander des changements ou des ajustements pour les aider à gérer leurs symptômes serait perçu négativement et ajouterait aux préjugés sexistes qu’elles subissaient déjà. Elles craignaient que cela nuise à la progression de leur carrière et qu’elles soient étiquetées comme n’étant “pas à la hauteur” ou que leurs collègues pensent qu’elles sont “passées à autre chose” et que les opportunités de carrière leur soient retirées.
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Nous devons nous assurer que les gens comprennent les risques réels pour la santé des femmes qui ne reçoivent pas de traitement.